"le fil et le grain" ou la naissance du filigrane

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babette

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Dans le silence du matin, l’homme ne m’entend pas approcher. le visage usé par de longues heures passées au soleil, il n’entend même pas le chant des muezzins, tout occupé qu’il est par ce qu’il fait. Il prend un fil d’or dans ses mains, approche le chalumeau.
Je ne dis rien, émerveillée.
Je regarde le fil qui s’enroule, s’entrelace.
Je regarde le fil qui petit à petit devient perle entre ses doigts.
Il s’arrête, pose le chalumeau et contemple son travail quelques instants puis il continue. Petit à petit son visage s’illumine.

Et la perle devient dentelle...

filigrane29gg.jpg



L'origine du nom « filigrane » est sans doute latine et dérive de l'union de deux substantifs : FILUM (fil) et GARNUM (grain).

La technique du filigrane consiste à courber, à tordre et à tresser les fils flexibles du métal(or ou argent) et à les relier à un point de contact par un système de soudure invisible. En général on obtient des bijoux précieux pour leur finesse et transparence.
filigr14hs.jpg
La fabrication de bijoux a été pendant longtemps au Maroc la spécialité d'orfèvres juifs qui doivent fuir face à l’inquisition espagnole.
Il semblerait que ce monopole des juifs pour cette technique remonte à une période très ancienne. Dans sa description de l’Afrique au XVI e siècle, Léon l’Africain indique qu’à Fès, seuls les Juifs étaient autorisés à travailler les métaux précieux, car pour les Musulmans le fait de vendre des objets d’or ou d’argent plus chers que le prix de leur poids de métal était considéré comme de l’usure, proscrite par l’Islam. Tous les bijoux citadins et la plus grande partie des bijoux berbères ont donc été faits par des artisans juifs jusqu’à ce que quasi la totalité de leurs communautés quittent le Maroc. Ces bijoutiers fabriquaient les parures des tribus environnantes, selon des procédés et des formes adoptés par chaque groupe.
Les Berbères et les Toucouleurs ont ensuite perpétré cette tradition qui correspondait bien à certains préceptes du coran :

"dans la tradition islamique, la représentation des êtres vivants est interdite, et on cultive l’harmonie entre les formes géométriques pures et les courbes inspirées du monde végétal".


les ouvrages de filigrane mêlent les formes abstraites, telles que la ligne, le cercle, la spirale et l’arabesque.



par la suite, chez les Imerhane et les Aït Ouaouzguit, on recourait pour le décor des bijoux, à la technique du filigrane. Dans l’Anti-Atlas central et occidental, ainsi qu’à Tiznit dans la plaine côtière, la production de bijoux a été considérable ; ils étaient caractérisés par l’emploi souvent simultané sur une même parure de 2 autres techniques, le niellage et la pose d’émaux cloisonnés :


- Le niellage est un procédé d’inclusion dune combinaison de plomb et d’argent que l’on fait chauffer à la flamme pour remplir tous les creux de ce mélange

filig6gi.jpg





- L’émaillage utilise le même procédé que le niellage mais ce sont des semences de verre colorées réduites en poudre fine que l’on inclut dans la perle

filig64zy.jpg


Ces techniques (du filigrane et des perles cloisonnées) ont été reprises par de nombreuses civilisations. Ainsi les bijoux grecs ou étrusques utilisaient aussi cette technique « d’accumulation » d’or plutôt que de le graver.

les chinois et bien d'autres encore sont devenus experts dans l’art de cloisonner les perles.

qu'elles soient modernes ou anciennes, fabriquées à la pièce ou en séries... elles nous font rêver, on aime les regarder, les toucher, les caresser, on les aime tant ces perles dentelles...





à bientôt pour une autre histoire de perles...






 
Dernière édition:
:merci: à toi pour cette nouvelle histoire sur les perles c'est super d'en apprendre un peu plus à chaque fois!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
 
Superbe récit. C'est vrai qu'il fait rêver !

Merci Babette

Nini
 
C'est toujours avec un grand plaisir que je lis ta rubrique, j'en apprends tant, que j'aimerais qu'elle ne finisse jamais !
Un grand merci à toi pour tout le plaisir que tu nous offres !
 
merci beaucoup pour cette page d'histoire de la perle, moi qui adore le filigrane je suis comblée ;o)

merci babette ;o)
 
Ouhaou, qu'est ce qu'elle est belle Babette ton histoire! on aimerait qu'elle ne s'arrête jamais! c'est magique! BRAVO et MERCI encore!
 
On attend toujours avec impatience la prochaine chronique de Babette, et à chaque fois c'est la bonne surprise. Les histoires sont remarquables, et on se cultive en rêvant. Le bonheur quoi !
Merci Babette, j'ai commencé à collectionner tes petites histoires-chroniques. Un délice.
 
moi j'adore les histoires....comme c'est bien de pouvoir se cultiver ainsi en apprenant de belles choses sur ce qui fait notre passion
Merci Babette !
bizzzzzz
 
Merci pour tes merveilleuses histoires...... Celle-ci me fait particulièrement rêver... je ne sais pas pourquoi mais ce style de perles m'attire énormément et me laisse pleine d'émerveillement devant leur finesse et leurs couleurs...
 
comme toujours, ta chronique et ton récit est passionnant, instructif et merveilleux !!!! merci pour ce partage
 
Qu'il est agréable de lire quelqu'un qui écrit aussi bien ! pour moi qui ai longtemps vécu en Afrique du Nord et Afrique noire, cette lecture a réveillé des souvenirs qui me tiennent à coeur . Merci à toi, pour cette documentation parfaite et la façon que tu as de nous " apprendre " !!!. Je découvre ta rubrique et ne la manquerai plus !!
 
Encore un récit que j'ai adoré!!!!
Et les perles que tu nous montres, qu'elles sont belles!
Merci Babette, tu racontes si bien ...
 
Tellement imagé que l'on a l'impression de voir naître la perle sous nos yeux!

Merci Babette l'Enchanteresse!

Catherine
 
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